Le 7 mars 2020 à l’église de Poigny-la-Forêt, la paroisse a proposé une soirée de témoignages sur les minorités chrétiennes d’Orient.
Les intervenants, Christophe Alexandre et Clément, remercient chaleureusement les paroissiens qui ont pris le temps d’y participer et qui ont déjà donné généreusement.
En complément de cette soirée, nous vous proposons ci-dessous le compte-rendu de ce témoignage pour permettre la participation de tous.
Merci d’avance aux nombreux paroissiens qui accorderont de leur temps pour le lire. Merci d’avance à ceux qui pourront poursuivre l’élan de générosité de notre paroisse, et ainsi aider concrètement au développement d’un bidonville en Egypte où Christophe Alexandre a servi pendant le mois de janvier dernier (tous les détails pratiques sont à la fin de l’article)
PARTIR EN MISSION EN EGYPTE : UNE AVENTURE SPIRITUELLE
En choisissant de partir avec l’association humanitaire « SOS Chrétiens d’Orient », j’imaginais donner un peu. En réalité, j’ai reçu beaucoup.
En décollant pour l’Egypte, je pensais accomplir une mission philanthropique. Finalement, j’ai vécu un pèlerinage spirituel sur cette autre terre sainte.
En quelques lignes, je souhaiterais partager avec vous cette expérience spirituelle où j’ai tant reçu.
Lorsque j’ai commencé à visiter Le Caire, j’ai eu une belle surprise. Derrière de petites ruelles, j’ai découvert une synagogue toute ordinaire. Mais dans les sous-sols de cette synagogue, des documents offraient un témoignage extraordinaire. L’un d’eux mentionnait la générosité du rabbin local. Il avait prêté un humble logement à un certain Joseph, accompagné de son épouse Marie, et d’un jeune enfant autour du début de notre ère. Ce fut une joie immense de découvrir ce refuge de la Sainte Famille lors de son séjour en Egypte.
Mais ce ne fut pas la seule surprise. En visitant Alexandrie, j’ai découvert la première tombe de l’Évangéliste Saint Marc. Aujourd’hui encore les papes coptes se proposent comme les successeurs du Siège de Saint Marc. Découvrir les témoignages des récents papes coptes est édifiant. L’un d’eux a reçu une apparition de Jésus-Christ l’invitant à laver les pieds. Un autre a été sauvé d’un missile qui a pulvérisé son domicile par l’apparition d’un Ange, cinq minutes avant l’arrivée du missile.
Plus largement, mon séjour en Egypte a été l’opportunité de visiter des Monastères fortifiés qui ont résisté à plusieurs envahisseurs. Par exemple, le monastère Saint-Antoine qui se situe dans la région montagneuse proche du golfe de Suez au pied du mont Qulzum. Saint Antoine s’était retiré dans ces montagnes pour vivre en solitaire. A son décès, ses disciples fondèrent un monastère sous son patronage. Avec le monastère Saint Paul qui est son voisin, ils sont les plus anciens monastères chrétiens au monde. Ils furent restaurés entre 2002 à 2013. Ces lieux saints de prière perpétuent la sagesse des Pères du désert.
Dans les bidonvilles du Caire, nous avons eu une autre joie en rencontrant le Dr Adel Abd el Malek Ghali. Depuis 40 ans, il soigne les chiffonniers. Il fut le bras droit de Sœur Emmanuelle. Il nous a raconté sa première rencontre toute simple avec elle à l’occasion d’un cours de catéchisme. Aujourd’hui, le Dr Adel est devenu diacre. Et il aide fidèlement Sœur Maria qui a succédé à Sœur Emmanuelle.
Dans nos actions concrètes avec SOS Chrétiens d’Orient, aller à la rencontre des autres réserve des surprises.
A Alexandrie, nous avons rencontré le Dr Jeannette qui participe à une communauté de rencontre « Foi et lumière ». Dans plusieurs rencontres internationales de ce mouvement, elle a représenté l’Egypte. Auprès des personnes porteuses de handicap qu’elle accompagne, j’ai beaucoup reçu du sourire de ses pensionnaires. Nous commençons nos rencontres par un temps de prière bilingue arabophone et francophone. Jésus-Christ nous montre l’exemple, lui qui rejoint les êtres humains au cœur de leurs faiblesses. Au fur et à mesure de nos rencontres avec les handicapés, je découvre les trésors de tendresse et d’humilité qui se trouvent chez eux. La rencontre, l’altérité transforment en profondeur les cœurs.
Avec les séniors, j’ai beaucoup reçu également. Des séniors rayonnent d’une belle sérénité. Leur grande expérience développe une sagesse apaisante. Nous avons la chance de pouvoir les écouter. Ils nous encouragent dans notre service avec SOS. Plus largement, ils nous encouragent à continuer de faire le bien autour de nous, toute la vie.
D’autres séniors se posent beaucoup de questions sur les réussites et les limites de leurs familles, de leurs vies ? Nous recevons ces questionnements émouvants avec humilité, dans la prière, en leur rappelant les versets de l’Evangile sur la Miséricorde.
Avec les enfants coptes, j’ai beaucoup reçu encore. Ils nous interpellent souvent par un « what’s your name ? ». Les volontaires qui ont des prénoms typiquement français intriguent les enfants. Ils nous demandent de répéter. Ils nous demandent d’écrire nos prénoms liés à la culture française. Les volontaires qui ont des prénoms plus universels intéressent également les enfants. Surtout lorsque l’un de leurs camarades égyptiens a le même prénom. Ils sont alors toujours très heureux de nous présenter nos homonymes. Lors des cours d’anglais et de français, ces enfants témoignent toujours d’un bel enthousiasme pour apprendre, pour échanger, pour rire ensemble. Et lorsque nous pratiquons le sport avec eux, ils se révèlent imaginatifs. Ainsi ils nous proposé une partie de basket en montant sur les épaules des volontaires français pour permettre aux plus jeunes égyptiens d’atteindre plus facilement les paniers.
En matière de sécurité, le Proche-Orient rencontre de nombreux challenges. Cette expérience en Egypte a été l’occasion pour moi d’un décentrement de ma liberté individuelle, cette liberté individuelle si présente dans notre culture occidentale. Et j’ai reçu une belle expérience de communion, la communion dans l’organisation concrète de la vie courante, être en groupe à chaque sortie ou déplacement, la communion aussi dans la prière pour les 4 salariés de SOS portés disparus. Et bien sûr, la communion dans la joie de nos découvertes partagées.
Bref, je croyais donner. Mais en réalité, j’ai beaucoup reçu.
Croyant m’engager pour une mission humanitaire, j’ai vécu un pèlerinage spirituel :
– à la suite du Christ (avec la Sainte famille, l’Evangéliste Saint-Marc et les Pères du désert),
– pour servir le Christ (dans notre prochain, avec les handicapés, les enfants, les séniors),
– en communion dans le Christ (dans un décentrement de notre liberté individuelle occidentale et cette expérience de communion fraternelle).
Christophe Alexandre
Si vous souhaitez vous associer au projet de Carême de la paroisse par un don (défiscalisé) vous pouvez le faire sur le site de SOS Chrétiens d’Orient, en choisissant le projet : « aide au bidonville »
https://jedonne.soschretiensdorient.fr/egypte/urgenceegypte-bidonville15may/~mon-don?_cv=1
Vous pouvez aussi réciter la prière que nous avions envisagé de dire à la fin de chacune de nos messes, pendant le Carême, et que vous trouverez ici.
Bonne et sainte seconde moitié de carême !